Ténébreux dans le Concerto de Sibelius pour Hannu Lintu, mystérieux acteur d’un mémorable Arbre des songes pour le cycle Dutilleux de Ludovic Morlot à Seattle, voici qu’Augustin Hadelich, trente-deux ans, confronte son archet à deux opus majeurs de la littérature concertante que tout oppose.
Son Tchaïkovski pourra sembler un rien décousu, si soucieux de lyrisme, confis en apartés, parfois prudent dans les traits de virtuosité et à l’aigu pincé. Un soir de méforme certainement, qu’accentue encore l’accompagnement incertain de Vasily Petrenko dont l’orchestre ne prend vraiment la parole que lorsque le soliste s’absente. A mesure du concert ils se trouvent accordés, sans pourtant que cela nous donne un Concerto de Tchaïkovski dont simplement se souvenir.
Quel contraste produit la Symphonie espagnole captée une année auparavant où son archet fuse, plein de fantaisie, soignant cette sonorité qui sait être légère, entêtante comme un parfum. Il est soudain chez lui dans ce portrait de genre plein de caractère, malgré le cadre un rien raide que lui dresse Omer Meir Wellber. Mais comme cela chante dans les grands mouvement lyriques, et brille dans un Scherzando impertinent et tendre pourtant. Demi-disque donc, qui ajoute du moins une perle au trésor de ce jeune violoniste si différent des virtuoses impeccables.
LE DISQUE DU JOUR
Piotr Illich Tchaïkovski (1840-1893)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 35*
Edouard Lalo (1823-1892)
Symphonie espagnole en ré mineur, pour violon et orchestra, Op. 21
Augustin Hadelich, piano
London Philharmonic Orchestra
*Vasily Petrenko, direction
Omer Meir Wellber, direction
Un album du label LPO Live LPO0094
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Photo à la une : Le violoniste Augustin Hadelich – Photo : © DR