Une beethovénienne

La grande affaire de Muriel Chemin fut, est, et sera Beethoven. Une intégrale des Sonates, restée en suspens chez FY, montrait quelle compréhension innée elle possédait de la grammaire, du style, du verbe beethovéniens. Rien ne s’en est perdu malgré les années, comme le démontrent aujourd’hui ces Diabelli pensées, tenues, architecturées, dédaignant l’humeur pour mieux montrer le génie de la forme.

C’est probablement en songeant aux Goldberg que Muriel Chemin aborde le cycle de Beethoven, au point d’ailleurs d’en changer le visage. Non plus cet ensemble éruptif, volatile, fantasque presque qu’il sera devenu depuis Alfred Brendel, mais bien une grande arche composée à la manière des Anciens, exposant la structure savante et les audaces du langage, cherchant un point d’équilibre afin que tout rayonne.

Cette concentration de la conception me rappelle Solchany, Baumgartner, Richter-Haaser, toute cette lignée de beethovéniens trop oubliés aujourd’hui, qui engloutissaient leur art dans le texte, Muriel Chemin est de cette race, et la redécouvrir ici affirmant avec éloquence et pudeur sa dévotion à Beethoven procure une joie certaine.

Si son Steinway est assez beau, la prise de son un rien trouble, l’étouffe hélas quelque peu. Demain, continuant son voyage beethovénien pour son nouvel éditeur, j’espère que les micros lui seront plus cléments.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Variations sur un valse de Diabelli, Op. 120

Muriel Chemin, piano

Un album du label Odradek Records ODRCD 349
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Photo à la une : © DR