Une tentation guette les chefs-d’orchestre qui abordent les Sérénades de Brahms : les transformer en symphonie. Du moins la première, André Vandernoot ayant donné l’exemple avec son bouillonnant (et jamais réédité) enregistrement pour EMI. Claudio Abbado et Riccardo Chailly y mettront du moins des paysages, la présence entêtante de la Nature, mais l’ampleur de leurs discours regardait vers le grand œuvre.
Jaime Martin s’en garde bien, tempos fusants, accents légers, rythmes alertes, son orchestre est sur les pointes, mené par les bois et les vents ce qui n’étonne pas venant de ce grand flûtiste. La fraîcheur des couleurs des Suédois met ici une poésie naturaliste que la Première Sérénade appelle, et plus encore les concertati de bois de la Seconde dont le magique Adagio ma non troppo déploie une nuit emplie d’étoiles.
La fusion des timbres, l’élégance rêveuse du geste, les phrasés fruités, l’élan champêtre des rythmes animent un disque aussi inattendu qu’abouti, révélant le vrai visage de ces partitions entre deux mondes, y faisant entendre enfin le poème chambriste qui les anime. Merveille ! Ne passez pas à côté.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms (1833-1897)
Sérénade pour orchestre No. 1 en mi mineur, Op. 11
Sérénade pour orchestre No. 2 en la majeur, Op. 16
Orchestre Symphonique de Gävle
Jaime Martin, direction
Un album du label Ondine ODE1291-2
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Photo à la une : © Gabriel Quintana