Henri Dutilleux disparu, ses interprètes se sentent-ils plus libres ? La question peut paraître étrange, il leur montra toujours une telle bienveillance. Mais enfin, se retrouver devant l’œuvre sans l’écoute du compositeur laisse un espace libre dont Darrell Ang profite avec bonheur.
Son Double sonne fantasque, torpide, violent, et s’abstrait de la nuance piano pour rugir toujours, monde sonore envoûtant dont le mystère flamboyant n’aura jamais été aussi proche des éclats que Charles Munch y distillait. C’est vraiment bien vu, joué avec ardeur par les Lillois, et enregistré à la perfection : on entend vraiment la confrontation des deux orchestres et ce clavecin devant, au centre, miroir de sons étranges.
La même intensité pare les diffractions sonores de Timbres, espace, mouvement, et plus encore le somptueux Mystère de l’instant où le cymbalum de Françoise Rivalland peint des étoiles sur ces cieux sombres, l’étoffe même des songes.
Disque admirable, premier volume d’une intégrale Dutilleux pour Naxos ? Je l’espère.
LE DISQUE DU JOUR
Henri Dutilleux (1916-2013)
Symphonie No. 2, « Le Double »
Timbres, espace, mouvement
Mystère de l’instant
Françoise Rivalland, cymbalum
Orchestre National de Lille
Darrell Ang, direction
Un album du label Naxos 8573596
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Photo à la une : © DR