Au chapître des Concertos pour violoncelle de Carl Philipp Emanuel Bach, je croyais la messe dite. L’archet aventureux d’Anner Bylsma s’y équilibrait avec la direction solaire de Gustav Leonhardt, un rien trop classique. Puis vint Ophélie Gaillard qui y mettait une fantaisie débridée, merveille qui pourtant ne me détournait pas tout à fait de Bylsma et de son Gofriller. Cette fois, je crois bien que le nouveau venu éloigne la référence qui régnait sur ce triptyque depuis bientôt trente ans.
D’abord par la fusion impeccable des discours du violoncelle et de l’orchestre, ensuite par la connivence à la fois fantasque et poétique qui anime Nicolas Altstaedt et Jonathan Cohen. Ils entendent tout de ces musiques qui sont les témoins de l’Empfindsamkeit, de leurs pouvoirs expressifs, de leurs bizarreries mais aussi de leurs lyrisme si singulier lors des mouvements lents où la fuite du temps s’abstrait.
Ensemble, ils ont composé des cadences qui de style, de ton se fondent dans la langue si novatrice de Carl Philipp Emanuel, sinon pour le Concerto en si bémol majeur, où celle du compositeur s’impose. Ensemble, ils règlent des jeux d’archets savants, où tout parle, faisant de la matière concertante de petits opéras.
Quel théâtre, que d’imagination, quelle fougue puis que de rêves. Venant de celui qui avait éloigné les Concertos de Haydn du classicisme où on les endort habituellement, cela n’est pas pour m’étonner. Venez entendre ici à quel point l’avenir envahit ces partitions trop longtemps oubliées par les grands violoncellistes.
LE DISQUE DU JOUR
Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788)
Concerto pour violoncelle
en la mineur, H. 432, Wq. 170
Concerto pour violoncelle
en si bémol majeur, H. 436, Wq. 171
Concerto pour violoncelle
en la majeur, H. 439, Wq. 172
Nicolas Altstaedt, violoncelle
Arcangelo
Jonathan Cohen, direction
Un album du label Hypérion CDA68112
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Photo à la une : © DR