21 février 1955, inauguration de la nouvelle Salle de concert de la Philharmonie de Varsovie, reconstruite après les ravages de l’occupation allemande : Wanda Wiłkomirska, vingt-cinq ans, élance son archet dans le Premier Concerto de Szymanowski, comète filante de sons dans la nuit étoilée d’un orchestre-monde enivré.
Comme tout cela danse, ivre, libre, tel une immense improvisation qui pourtant ne musarde pas : en accord imparable avec Witold Rowicki, elle file droit, violon magnétique qui flamboie. Oui, une comète vraiment. Elle mettra plus de nostalgie, de sensualité à sa gravure de studio six ans plus tard, toujours avec Rowicki. Mais ici tout est une fête, et lorsque le tambour de basque résonne, c’est Dionysos qui chante dans son violon.
Concert magique, qui commence avec poésie chez Moniuszko dont l’Ouverture pour un conte de fées est si peu souvent donnée, et s’achève par une exécution au cordeau, impérieuse, fulgurante, du Concerto pour orchestre de Witold Lutosławski, seconde audition à Varsovie d’une partition radicale crée moins de trois mois auparavant le 26 novembre 1954 : l’encre semble en être à peine sèche.
Ce document prodigieux, capté avec un réalisme sonore éclatant par les ingénieurs de la Radio Polonaise, édité avec art par Warner Classics – l’objet en petit format italien s’accompagne de deux livrets où abandonnent les archives photographiques – est simplement indispensable à toute discothèque polonaise, mais pas seulement : il permet d’entendre dans sa rayonnante jeunesse une des toute grandes violonistes du XXe siècle.
LE DISQUE DU JOUR
Warsaw Philharmonic
The First Concert
in the rebuilt Hall, 1955
Stanisław Moniuszko (1819-1872)
Ouverture pour un conte de fées
Karol Szymanowski (1882-1937)
Concerto pour violon No. 1, Op. 35
Witold Lutosławski (1913-1994)
Concerto pour orchestre
Wanda Wiłkomirska, violon
Orchestre Symphonique de la Philharmonie de Varsovie
Witold Rowicki, direction
Un album du label Warner Classics 825646144631
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Photo à la une : © DR