Mariss Jansons, se cherchant un assistant au Concertgebouw, entreprit le percussionniste solo de l’orchestre, un jeune Valencien qui avait étudié la direction d’orchestre avec rien moins que Bernard Haitink et Claudio Abbado. Bonne pioche : le trentenaire se révéla d’emblée un fort caractère, sa gestique élégante et précise lui valant d’être rapidement invité par les orchestres de Boston et de Chicago, mais aussi au Philharmonia et évidemment au Concertgebouw.
Ce n’est pas un hasard si son premier disque est dévolu à la Première Symphonie de Bruckner, hommage évident à son mentor Claudio Abbado, qui, tout jeune homme, signait avec cette œuvre l’un de ses premiers disques avec les Wiener Philharmoniker pour Decca. Et ce coup d’essai est un coup de maître, qui offre de la révision viennoise une lecture cursive, ardente, fulgurante, d’une souplesse agogique et d’une poésie fluide qui étaient justement la signature de l’art d’Abbado.
C’est merveille de bout en bout et avec un Orchestre Philharmonique du Luxembourg transfiguré (la petite harmonie, le quatuor !). Le portrait de ce Bruckner en jeune homme est complété par quatre pièces brèves où s’impose le modèle de Schubert. L’Ouverture manque, cinquième volet de ces opus épars, peut-être Gustavo Gimeno la garde-t-il pour compléter, qui sait, un prochain enregistrement de la 2e Symphonie ?
Le disque Chostakovitch est tout aussi remarquable, autre portrait d’un compositeur en jeune homme, avec une Première Symphonie persifleuse à souhait, et quelques pièces d’orchestre d’adolescence auxquelles s’ajoutent les Fragments Op. 42 que seul Gennadi Rozhdestvensky avait enregistrés.
Album formidable, mais c’est pour ce transcendant disque Bruckner que mon cœur bat plus vite. Puissent les magnifiques ingénieurs de Pentatone lui faire poursuivre ce que j’espère bien être une future nouvelle intégrale des Symphonies du Ménestrel de Dieu.
LE DISQUE DU JOUR
Anton Bruckner (1824-1894)
Symphonie No. 1 en ut mineur, WAB 101 (version de Vienne)
Marche en ré mineur, WAB 96
3 Pièces pour orchestre,
WAB 97
Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Gustavo Gimeno, direction
Un album du label Pentatone PTC5186613
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Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie No. 1 en fa mineur, Op. 10
Scherzo pour orchestre
en fa dièse mineur, Op. 1
Scherzo pour orchestre
en mi bémol majeur, Op. 7
Thème et Variations
en si bémol majeur, Op. 3
5 Fragments, Op. 42
Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Gustavo Gimeno, direction
Un album du label Pentatone PTC 5186622
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Photo à la une : © Marco Borggreve