Miroir Mozart

Morceler les concerts de disque en disque, est-ce raisonnable ?

Le ton si enjoué, la légèreté du geste de Carl Schuricht dans l’ultime Concerto de Mozart rencontre si pleinement le piano simplissime de Robert Casadesus, un tel soleil mélancolique s’infuse entre eux, les faisant respirer dans les mêmes vibrations de couleurs et de sons ! Quelle merveille ! que le pianiste français n’aura pas obtenue à ce degré de naturel, avec cette sorte de tentation de l’abandon, au studio avec George Szell.

Je me demande bien après un tel état de grâce comment fut le reste de ce concert donné le 19 août 1961 au Kunsthaus de Lucerne : Symphonie « Prague », puis la Rhénane de Schumann. Il y avait une logique.

Mais non, l’éditeur lui préfère une très sombre Deuxième Symphonie de Brahms, captée l’année suivante, probablement car Schuricht y dirige ses chers Wiener Philarmoniker. Je ne m’en plaindrais pas, toute ombreuse qu’elle soit, elle chante pourtant, si lyrique, vraie pastorale d’entre orages comme seul Schuricht savait la peindre ; mais voilà, elle n’a rien à voir avec l’embellie subtile de ce 27e Concerto désarmant, auquel je reviendrai sans cesse, perle mozartienne célébrant la rencontre magique de ce soir d’été entre un pianiste et un chef que tout accordait.

LE DISQUE DU JOUR

Lucerne Festival Historic Performances

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 27 en si bémol majeur, K. 595
Johannes Brahms (1732-1809)
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 73

Robert Casadesus, piano
Schweizerisches Festspielorchester (Mozart)
Wiener Philharmoniker (Brahms)
Carl Schuricht, direction

Un album du label Audite 95645
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Photo à la une : © Anthony Altaffer/ Archives du Festival de Lucerne