On est à la Philharmonie de Paris, acoustique claire et un peu prosaïque, discophilique peut-être, en tous cas assortie au propos de Yannick Nézet-Séguin et de l’Orchestre de Chambre d’Europe : rendre les Symphonies de Mendelssohn dans leurs vraies couleurs, celles des aquarelles dont le musicien fut un virtuose.
L’idée n’est pas neuve, de s’appuyer sur l’expérience des Symphonies de cordes et d’en transcrire pour les symphonies à grand orchestre (et solistes et chœurs pour la Seconde) le style vif, les tempos alertes, les accents enlevés. C’est merveille pour les deux premières Symphonies qui soudain vivent, s’élèvent, rayonnent sans pompe, juste merveilleuses d’invention comme déjà jadis les entendait Wolfgang Sawallisch, mais ici emportées par une phalange autrement réactive et dans la Lobgesang, un chœur et des solistes inspirés – Daniel Behle est éloquent et touchant dans « Er zählet unsre Tränen ».
Cela va aussi très bien à l’Italienne – même si m’y manquent les furias pleines de caractère d’un Guido Cantelli, autres temps autres mœurs – qui caracole et chante, très Songe d’une nuit d’été (et c’est d’ailleurs ce Songe qu’avec un si leste ensemble Yannick Nézet-Séguin devrait tenter), et donne soudain à la Réformation cette ardeur mystique que si peu savent y trouver.
Mais pour l’Écossaise, où les paysages sonores fabuleux imaginés par Mendelssohn veulent toutes les possibilités du grand orchestre, l’espace manque, le souffle aussi, les embruns hébridiens surtout, seul bémol d’un parcours inspiré.
LE DISQUE DU JOUR
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1947)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 11, MWV N 13
Symphonie No. 2 en si bémol majeur, Op. 52, MWV A 18
« Lobgesang »
Symphonie No. 3 en la mineur, Op. 56, MWV N 18
« Écossaise »
Symphonie No. 4 en la majeur, Op. 90, MWV N 16 « Italienne »
Symphonie No. 5 en ré mineur, Op. 107, MWV N 15 « Réformation »
Karina Gauvin, soprano
Regula Mühlemann, soprano
Daniel Behle, ténor
RIAS-Kammerchor
Chamber Orchestra of Europe
Yannick Nézet-Séguin, direction
Un coffret de 3 CD du label Deutsche Grammophon 002894797337
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Photo à la une : © Marco Borggreve