Le bel album. En entendant Olga Peretyatko pour la première fois dans Les Puritains de Bellini, j’avais sursauté. Quoi !, enfin une colorature slave pour le répertoire du belcanto italien ? Ce n’était plus arrivé depuis l’époque impériale. Aussi, la voyant au disque dans un programme d’opéra russe, espérais-je du Glinka. J’en ai peu : la cavatine de la Ludmilla de Russlan, alors que j’aurais voulu tous les airs de l’Antonida de La Vie pour le Tsar. Mais cette cavatine si stylée, quelle merveille !
Évidemment, les Rimski-Korsakov qui suivent sont des perles, Hymne au soleil avec un brin d’ironie, Snegourotchka populaire mais dite dans un salon de Saint-Pétersbourg, Berceuse de Volkhova pleine d’une nuit noire (comment fait-elle pour l’évoquer de sa voix claire ?), et dans l’air de Marfa de La Fiancée du Tsar, où il n’y a rien pour briller, mais tant pour émouvoir, cet instrument montre qu’il s’étoffe : Lisa, Tatiana seraient-elles demain pour elle. Et le sentiment mon Dieu !
Une poignée de mélodies de Rachmaninov montre qu’il entendait tout du concert européen (les « Eaux printanières » ont un coté Zueignung !) mais lorsqu’il est russe absolument, quelle émotion pour « Ne chante pas, ma beauté ! »).
Retour à des « fantômes », d’opéra, joyeux ou sinistres. Si les chansons de Lidochka de Cheryomushki sont délicieuses d’impertinence, et même simplement de fraîcheur, un diamant noir domine ce disque magique, subtilement accompagné par Dmitri Liss et ses Ouraliens, la plainte du Rossignol mécanique de Stravinski, cristal froid qui se brise, musique géniale qui anticipe les chansons de La Princesse de Conte de fée de Szymanowski (voilà bien un cycle pour Olga Peretyatko).
Et si demain Sony Classical proposait à Olga Peretyatko des programmes plus construits, de vrais disques où mettre à profit cette voix unique qui mérite mieux que le simple fait de lui tirer le portrait ?
LE DISQUE DU JOUR
Airs et mélodies de Glinka, Rimski-Korsakov, Rachmaninov, Stravinski, Chostakovitch
Olga Peretyatko, soprano
Orchestre Philharmonique d’Oural
Dimitri Liss, direction
Un album du label Sony Classical 8985352232
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Photo à la une : © DR