Dès son « Debut Record » pour EMI, Alice Coote m’offrait les plus émouvants Mahler entendus depuis quelques lustres : quatre des Rückert-Lieder, une poignée du Knaben Wunderhorn, son allemand flottait un brin, mais elle parlait couramment Mahler, souffle long, voix ambrée, avec entre les notes comme de l’air où scintille une lumière.
Ce timbre magnifique, un rien fragile, un peu cassé comme le fut celui de Marian Anderson ou celui de Billie Holiday, ayant conquis l’orchestre dans les magnétiques Sea Pictures dirigées par Sir Mark Elder devait revenir chez Mahler, il l’attendait.
Emmené par la baguette poétique de Marc Albrecht, ce disque est un miracle imparable ; la fluidité entre rêves et cauchemars des Fahrenden Gesellen, la décantation des mots dans le timbre, l’ampleur de la ligne, l’allégement des Rückert (au complet cette fois), la simplicité désarmante, sans pathos des Enfants morts ont un ton d’évidence mais aussi une quantité d’arrière-plans vertigineux.
C’est que les trois cycles sont cousus à quatre mains, la fusion entre cette voix et cet orchestre ne s’étaient pas retrouvés ici à ce point de complétude depuis ce qu’y osèrent leurs pionniers au disque, Kathleen Ferrier et Bruno Walter.
Alice Coote, avec un vrai baryton, et Marc Albrecht devraient tenter le Knaben Wunderhorn, livre de merveilles qui attend depuis Maureen Forrester, Janet Baker et Christa Ludwig de retrouver une mezzo-soprano capable d’en dire les contes et les tristesses.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Lieder eines fahrenden Gesellen
Kindertotenlieder
Rückert-Lieder
Alice Coote, mezzo-soprano
Netherlands Philharmonic Orchestra
Marc Albrecht, direction
Un album du label Pentatone PTC4186576
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Photo à la une : © DR