Stravinski écrivant pour le violon avait un modèle, Samuel Dushkin, sonorité de crin, archet grelot, qui tranchait net dans les notes. Tout ce qu’il destina à cet instrument s’y réfère, jusque dans les ré-adaptations des pages de Pergolèse qui forment la piquante Suite italienne.
Liana Gourdjia le sait bien, qui enlève cela d’un archet tellement preste, acidulé sur toute ses tessitures, si stravinskien dans sa façon d’attaquer les cordes. Le piano de Katia Skanavi redouble son jeu, clavier de cymbalum, d’une énergie folle, où plus d’une fois apparaissent des personnages qui semblent échapper de Pétrouchka.
L’idée de rassembler sur un seul disque les pièces pour violon et piano et le Concerto fait au total un album décapant, avec pour ce dernier un jeu alerte, fusant, plein d’angles où Zsolt Nagy aiguise son orchestre, version qui grince et qui danse, d’une énergie enthousiasmante.
Je crois bien ne plus l’avoir entendu aussi vert depuis la gravure indémodable de Wolfgang Schneiderhan et de Karel Ančerl. Grand disque, qui me révèle une violoniste absolument à suivre.
LE DISQUE DU JOUR
Igor Stravinski (1882-1971)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur
Chanson russe
Danse russe de « Pétrouchka »
Le Baiser de la fée – Divertimento
Suite italienne, pour violon et piano, d’après « Pulcinella »
Berceuse de « L’Oiseau de feu »
Tango
Liana Gourdjia, violon
Katia Skanavi, piano
Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern
Zsolt Nagy, direction
Un album du label Audite 97697
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Photo à la une : © DR