Est-ce le début d’une intégrale ? Je l’espère, car dans le domaine si ouvert des Concertos pour piano de Mozart, Francesco Piemontesi a décidément son mot à dire. Surtout si finement accompagné par le Scottish Chamber Orchestra et Andrew Manze. Les Écossais ont été à bonne école, qui ont appris leur Mozart avec Sir Charles Mackerras : il le leur faisait jouer assez historiquement informé, d’opéras en symphonies. Andrew Manze reprend exactement là où Mackerras les avait laissés, mêmes tempos vifs, même phrasés au cordeau, même accents subtilement modelés.
Dans ce jardin parfait, à la fois dessiné et libre, Francesco Piemontesi déploie un piano somptueux, peu soucieux d’un jeu historiquement informé ou d’évoquer le pianoforte, et choisi des cadences de pianistes, celles de Paul Badura-Skoda, merveilleusement coulées dans la musique de Mozart mais prescientes de Beethoven pour le Couronnement, et celle de Friedrich Gulda pour l’Allegro maestoso du 25e. Le disque d’ailleurs place le 26e avant le 25e, ce qui éclaire les deux concertos d’un jour différent.
Partout, l’imagination est au pouvoir, le pianiste ne laisse rien dans l’ombre, déployant un fabuleux jeu à dix doigts qui fait son Mozart plus fébrile que majestueux, plus romantique que classique, et l’orne comme un chanteur. Si l’on ajoute l’orchestre inventif que lui font les Écossais, on tient là absolument le vrai portrait de la musique de Mozart qu’une suractivité emporte constamment.
Ce ne sont plus deux concertos, mais deux opéras, montés dans l’ardeur d’une journée d’été sur le théâtre d’un jardin, et j’attends la suite de ce fabuleux spectacle avec impatience. Prise de son somptueuse.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 25 en ut majeur,
K. 503
Concerto pour piano et orchestre No. 26 en ré majeur,
K. 537 « Couronnement »
Francesco Piemontesi, piano
Scottish Chamber Orchestra
Andrew Manze, direction
Un album du label Linn Records CKD544
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Photo à la une : © Benjamin Ealovega