Bach libre

J’ai lu tant de commentaires spécieux et méprisants sur le parcours Bach de Vladimir Ashkenazy commencé au disque voici dix ans avec Le Clavier bien tempéré, tant de jugements blessants qu’à la fin il fallait rétablir la balance.

Vladimir Ashkenazy aura attendu ses soixante-dix ans pour enregistrer son Bach, il a passé aujourd’hui les quatre-vingt ans. Toujours alerte, et même vert de doigts, de sons, d’invention, il vient enfin aux Suites françaises qu’il enlève d’un geste prestissime, les fusant dans un clavier serré, de peu d’ornements, absolument lumineux et pourtant débarrassé de toute référence au clavecin.

C’est prodigieux de grande lumière, d’aisance, de simple plaisir de jouer et de jouer dans la plus totale, la plus lisible et la plus constante polyphonie, comme si son piano avait plusieurs claviers, cela danse et même exulte parfois dans des tempos fous –toute la 5e Suite – qui évite à ces musiques toute sentence.

C’est brillant et libre, simple et savant, au point que je n’en finis pas de prendre un plaisir sans frein à ce disque parfait et pourtant sensible, où enfin le timbre si particulier du jeu d’Ashkenazy s’entend enfin, lui qui a été si souvent trahi par les prises de son des ingénieurs de Decca. Alors, faites mentir les critiques vétilleux et venez ici, prendre comme moi, un grand bain de soleil.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Les 6 Suites françaises
Suite No. 1 en ré mineur, BWV 812
Suite No. 2 en ut mineur, BWV 813
Suite No. 3 en si mineur, BWV 814
Suite No. 4 en mi bémol majeur, BWV 815
Suite No. 5 en sol majeur, BWV 816
Suite No. 6 en mi majeur, BWV 817

Vladimir Ashkenazy, piano

Un album du label Decca 002894832150
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Photo à la une : © Benjamin Ealovega