Coup de génie du jeune Mahler (vingt ans !), Das Klagende Lied aura fasciné les Mahlériens (Wyn Morris, Pierre Boulez, Bernard Haitink, Sir Simon Rattle) s’imposant d’abord par le disque, version originale ou version révisée.
Tous en ont exposé l’orchestre aventureux, le chœur narratif, les effets de spécialisation, aujourd’hui Cornelius Meister en trouve enfin le ton de ballade moyenâgeuse, les teintes sombres, le récit quasi expressionniste, respectant à la lettre les volontés de Mahler, y compris celle de confier la voix du jeune frère assassiné (qui revient chanter sa plainte lorsque le ménétrier jouera de sa flûte d’os) à un garçon alto.
Les couleurs épiques qui cuivrent son orchestre m’impressionnent, l’élan du chœur, le plus présent, le plus engagé qu’ait connu l’œuvre m’exalte, la perfection des solistes assemblés (Kerl, qui en remontre à Haefliger, Eröd au baryton hanté, le soliste des Tölzer, le grand soprano de Simone Schneider, et l’alto sombre de Tanja Arian Baumgartner), tout fait le conte singulièrement incarné jusqu’à l’effondrement du château et la dissolution dans ce silence avant l’assénement final : grande version qui souligne à quel point ce jeune homme qui dirige assez « à l’ancienne » réussit tout ce qu’il entreprend. Hier Les Chemises de noces de Dvořák, aujourd’hui cette incursion chez Mahler, demain l’intégrale des Symphonies de Bohuslav Martinů.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Das Klagende Lied
Simone Schneider, soprano
Tanja Ariane Baumgartner, mezzo-soprano
Torsten Kerl, ténor
Adrian Eröd, baryton
Wiener Singakademie
ORF Vienna Radio Symphony Orchestra
Cornelius Meister, direction
Un album du label Capriccio C5316
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Photo à la une : © Marco Borggreve