Le Concerto pour violon ou le Concerto pour alto, qui est le chef-d’œuvre d’entre eux ? Longtemps, mon cœur a préféré les envolées lyriques et les paysages panoramiques du Concerto pour violon, Jascha Heifetz en était le héros alors ; il manquait un archet aussi stupéfiant dans celui pour alto, malgré l’enregistrement de Yehudi Menuhin et du compositeur.

Enfin, au début du XXIe siècle, une nouvelle génération d’altistes s’est penchée sur cette partition magnifique, plus émouvante, plus sensible, moins à la parade que le concerto en clef de sol, parfaitement accordée à la tonalité automnale, aux couleurs crépusculaires de l’alto.

Lawrence Power puis Anthony Marwood lui rendirent justice après les essais de Maxim Vengerov ou de Yuri Bashmet ; voici que l’alto-voix humaine de Nils Mönkemeyer s’y essaie, capturant toute l’écriture dans un jeu de grand style, délié, qui chante et qui danse, nostalgique par la couleur, piquant, virevoltant par la légèreté de l’archet, les phrasés si suggestifs : écoutez seulement comment il mène les premières pages si fluctuantes du Finale, cette ballade entre Écosse et Ischia, quelle imagination dans les accents, la souplesse des rythmes. Et comment Markus Poschner et les Bamberger Symphoniker l’accompagnent à la façon d’un ensemble de chambre, leicht !

Les compléments sont tout aussi justement saisis et restitués, les Bruch et le Pärt également priés dans un climat tendre et fervent, dont cet altiste-poète détaille les secrètes beautés, mais je range l’album à Walton.

LE DISQUE DU JOUR

William Walton (1902-1983)
Concerto pour alto et orchestre
Max Bruch (1838-1920)
Kol Nidrei, Op. 47 – Adagio pour violoncelle et orchestre (arr. pour alto et orchestre)
Romance pour alto et orchestre en fa majeur, Op. 85
Arvo Pärt (né en 1935)
Fratres

Nils Mönkemeyer, alto
Bamberger Symphoniker
Markus Poschner, direction

Un album du label Sony Classical 88985360192
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Photo à la une : © DR