Un Deuxième Concerto de Brahms joué très ballade, d’un clavier mobile et alerte où rien jamais n’appuie mais où tout chante preste, accompagné comme pour une sérénade par un orchestre lumineux, frôlerait l’anecdotique si Joseph Moog n’y mettait sans cesse ce pianisme virtuose et chic qui signe son art, et si le premier violoncelliste de la Deutsche Philharmonie (non nommé par l’éditeur, vergogna !) ne l’y accompagnait soudain dans un obscurcissement de crépuscule où le jeune homme semble dire un poème.
Mais pourtant l’intérêt du disque est ailleurs, dans la Burleske de Richard Strauss que bien des pianistes auront tenté de s’approprier, Arrau, Kapell, Serkin, Janis puis Argerich en restant les apôtres malgré tant d’autres qui y auront brillé.
Il faudra ajouter à ses élus Joseph Moog, rêveur et insolent, persifleur et élégant, dont le clavier ailé rit et piaffe, chante les récitatifs de Strauss et danse ses valses avec une nostalgie toujours prête à fuser en traits d’esprit, merveille que dore l’orchestre de Nicholas Milton qui lui aussi danse sous des lambris très rococo. Immanquable pour les amoureux de cette œuvre où Strauss, dans son propre monde et dans ses décors à lui, poursuivait la veine du Konzertstück de Weber.
LE DISQUE DU JOUR
Richard Strauss (1864-1949)
Burleske pour piano et orchestre en ré mineur, TrV 145
Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour piano et orchestre No. 2 en si bémol majeur, Op. 83
Joseph Moog, piano
Deutsche Radio Philharmonie
Nicholas Milton, direction
Un album du label Onyx Classics 4169
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Photo à la une : © Thommy Mardo