Mariss Jansons récidive dans la Septième Symphonie dont il avait laissé une lecture minérale, âpre, avec les Bavarois. A Amsterdam, le geste se fait plus improvisé, un rien plus indolent : la nuit n’est pas si noire après tout, à un tel point d’ailleurs que si la fantaisie vous prenait d’écouter ensuite l’enregistrement justement légendaire (et justement controversé) d’Otto Klemperer, vous ne croirez pas entendre la même œuvre.
D’où vient cette volupté de ballade ? Des timbres du Concertgebouw !, impossible de ne pas les caresser, de ne pas céder aux nocturnes embaumés des Nachtmusik, aux pâturages avec cor et cloches de la première, à la déambulation du ménétrier de la seconde où la mandoline accroche ses étoiles un peu ivres. Quelle délicatesse, quelle soie, quel régal ces timbres !, qui se suspendent, virevoltent, semblent échanger des regards, le plus secret de l’univers de Mahler s’y dévoile tant ; tout y est simplement esquissé. Du grand art.
Alors tant pis, j’abandonne, comme apparemment le chef et son orchestre, la grande symphonie démonstrative qui fait frémir de terreur dans son premier mouvement, ou d’ivresse dans le Finale, je garde les deux nocturnes en bleu qui au centre de ce disque-concert, à peine troublés par un Schattenhaft invisible – se répondent, mystérieuses sérénades des Dolomites, géniales petites symphonies de chambre que Schoenberg aura pillées sans vergogne.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 7
Royal Concertgebouw Orchestra
Mariss Jansons, direction
Un album du label RCO Live RCD17006
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Photo à la une : © DR