Voici peu, Paavo Järvi signait avec ses Francfortois pour Naive un coruscant album Hindemith qui plaçait en son centre d’irrévérencieuses Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de Carl Maria von Weber. Je croyais l’affaire entendue, mais non, voici qu’avec l’orchestre de la WDR, formation voisine, Marek Janowski lui répond.
Ses deux premières Métamorphoses sont un poil encore plus prestes que celles de Järvi et absolument jazzy, complètement République de Weimar. Le plaisir de cet orchestre de danse est irrésistible, si vif, en rythmes pointés, quelle fête, qui rêvera encore dans les subtilités fluides de l’Andantino. Mais la Marche, fermoir de l’ensemble, grince et tonne, terrible écho de l’Apocalypse qu’on sait.
Si Järvi avait commencé avec la Symphonie de Mathis, Janowski poursuit avec le plus rare Nobilissima Visione, du moins la suite du ballet, partition trop peu courue que Mravinsky aimait à inscrire à son répertoire, ici faite avec ce mélange de poésie et de stylisation qui dans la Passacaille finale vient revivifier les canons d’un art perdu. Magnifique.
En coda, la Boston Symphony (Concert Music for Strings and Brass), œuvre roide, dont la langue âpre – Janowski abrase encore ses harmonies cuivrées – est comme un portrait instantané d’Hindemith à vingt-six ans : entre deux mondes. Et maintenant, une suggestion pour Marek Janowski et Pentatone : Mathis ? Une nouvelle intégrale avec Matthias Goerne en peintre serait bienvenue.
LE DISQUE DU JOUR
Paul Hindemith (1895-1963)
Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de Carl Maria von Weber
Nobilissima visione – Suite
Boston Symphony (Musique de concert pour cordes et cuivres), Op. 50
WDR-Symphonieorchester Köln
Marek Janowski, direction
Un album du label Pentatone PTC5186672
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Photo à la une : © schneider