Un « debut-recital » ? Pas tout à fait. Kian Soltani, qui célèbre ici par deux opus anecdotiques (dont un de sa plume) ses ascendances iraniennes, l’aurait risqué en cumulant les pièces brèves, mais un doublé Schubert–Schumann fait tout le contraire.
Sous ses doigts précis, sous son archet léger, l’Arpeggione dans sa vraie couleur d’alto, semble réinventée, si chantante, si souple, si délicatement délicieuse : ce violoncelle a des couleurs de hautbois, un pastoralisme ombreux, quelque chose d’absolument nostalgique, et partant, d’absolument schubertien. Cette inspiration si lyrique, si libre pour les phrasés n’aurait pas été possible sans le piano d’Aaron Pilsan, somptueux de discrétion, si en confidence : son clavier danse comme l’archet de son ami.
Mais que viennent les hallucinations des Fantasiestücke de Schumann et le caractère même des instruments change, sombre, lent, étreint d’émotion, chants de spectres d’une douleur qui ne veut pas cesser et finira par prendre feu dans un Rasch subtilement composé. Le triptyque de l’Opus 73 trouve un double dans le diptyque de l’Opus 70, même tension dans les nuances piano, même contenance lorsque le ton monte, mêmes déliés entre pleins et vides. Pourtant, c’est aux deux Lieder – Nacht und Traüme de Schubert et Du bist wie eine Blume de Schumann que je reviens : ce violoncelliste est un chanteur.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour violoncelle et piano en la mineur, D. 821 « Arpeggione »
Nacht und Träume, D. 827 (arr. pour violoncelle et piano)
Robert Schumann (1810-1856)
Fantasiestücke, Op. 73
Adagio and Allegro en la bémol majeur, Op. 70
Du bist wie eine Blume (No. 24 des « Myrthen, Op.25 », arr. pour violoncelle et piano)
Reza Vali (né en 1952)
Chants populaires perses
Kian Soltani, violoncelle
Aaron Pilsan, piano
Un album du label Deutsche Grammophon 4798100
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Photo à la une : © Juventino Mateo