C’est un répertoire perdu, celui des flûtistes français de la fin de l’Ancien Régime qui renaît ici. Bodin de Boismortier ne fut par le seul à écrire pour le traverso. André Cheron, filleul de Campra, batteur de mesure à l’Académie Royale de Musique qui y créa Scylla et Glaucus et Zoroastre, claveciniste notoire, écrivit deux cahiers de Sonates, voici son Opus 2, merveilles de danses et de rêveries, musique d’une invention étonnante que son élève chéri, Jean-Marie Leclair, admirait sans frein.
Derrière les lacis des deux flûtes, c’est tout l’art du grand baroque français au début du déclin de son apogée qui est saisi, ici. L’esprit de Couperin y souffle encore par instants, mais c’est Corelli qui a gagné, toute une certaine italianita, celle-là même dont Leclair fera son miel au violon, fuse, emportée par un ballet constant.
Ces merveilles sont restées trop longtemps dans les tiroirs, les voici revivifiées par Mira Gloor et HyenHo Jeon, musiques subtiles et alertes où se mirent les ultimes rayons d’un art à jamais perdu, moments magiques, comme suspendus dans l’éther. A quand l’Opus 1 par les mêmes ? C’est tout ce que Cheron nous aura légués.
LE DISQUE DU JOUR
André Cheron (1695-1766)
Sonates, Op. 2
Ensemble Matís
Un album de 2 CD du label Ars Produktion ARS 38550
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