Impossible de trouver entre les Concertos pour violoncelle de Haydn et La Nuit transfigurée de Schonberg le moindre lien, et pas plus le moindre écho : la distance temporelle empêche ce dialogue entre deux Vienne musicales qui s’ignorent.

D’ailleurs, aussi vaillante et finement musicienne que soit Alisa Weilerstein, ce ne sont pas à ses Concertos de Haydn parfaits que je vais d’abord, mais à cette Verklärte Nacht où avec les Solistes de Trondheim, elle respire une nuit étoilée, mais aussi une nuit de sang.

Quelle émotion dans le lacis des cordes, quelle ampleur dans les respirations, comme les mélodies parlent, incarnées dans la musique même des mots du poème de Dehmel. Alisa Weilerstein avoue dans une note d’intention que cette version étreignante fut enregistrée d’une traite à la fin d’une longue session et les laissa tous muets, savourant le silence. C’est la même sensation d’avoir été par-delà le miroir qui m’aura saisi, cette transcendance dans une œuvre souvent tirée vers le post-romantisme se rencontre rarement, mais la clarté de la syntaxe, l’exactitude des phrasés, la liberté des accents auront fait le chef-d’œuvre de Schoenberg si vivant, opéra de cordes d’une entêtante beauté.

Et si demain les mêmes nous offraient les Symphonies de chambre ?

LE DISQUE DU JOUR

Franz Joseph Haydn(1732-1809)
Concerto pour violoncelle et orchestre No. 2 en ré majeur, Hob. VIIb:2
Concerto pour violoncelle et orchestre No. 1 en ut majeur, Hob. VIIb:1
Arnold Schoenberg
(1874-1951)
Verlklärte Nacht, Op. 4 (version pour orchestre à cordes)

Alisa Weilerstein, violoncelle
Trondheim Soloists

Un album du label Pentatone PTC 5186717
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Photo à la une : © DR