Est-ce le premier volume d’une nouvelle intégrale des Symphonies de Carl Nielsen ? Il faut l’espérer tant le geste preste de Thomas Dausgaard, ses accents acérés, la précipitation rythmique si précise de l’ensemble unifie les deux symphonies centrales de ce corpus radical dans le même geste.
Si bien que le caractère éruptif de la Quatrième Symphonie semble découler logiquement des espaces plus divers de la Troisième, cette ode aux forces naturelles qui culmine dans la douceur du duo entre la soprano et le ténor durant l’Andante édénique de sa pastorale. Ecoutant le disque sans l’arrêter, j’ai éprouvé le sentiment de me trouver face à un diptyque en huit panneaux, comme si la pensée musicale de Nielsen ne s’était pas arrêtée dans le dernier accord de l’Allegro de la Sinfonia espansiva et se poursuivait directement et s’amplifiait dans l’opus suivant.
Cette clarté de la conception souligne à quel point ces deux opus sont des points de non-retour, où Nielsen aura sublimé sa langue quasi en l’épuisant : dès la 5e Symphonie, il cherchera d’autres moyens expressifs, défaisant le schéma classique du genre. Mais ici, la révolution est tout entière dans la langue, dans cette syntaxe roide que le Seattle Symphony exalte avec une précision diabolique.
Vite, la suite !
LE DISQUE DU JOUR
Carl Nielsen (1865-1931)
Symphonie No. 3 « Sinfonia espansiva », Op. 27, FS 60
Symphonie No. 4 « L’Inextinguible », Op. 29, FS 76
Seattle Symphony
Thomas Dausgaard, direction
Un album du label Seattle Symphony SSM1017
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Photo à la une : © DR