1900 ! C’est encore le Vieux Monde qu’un jeune homme de dix-neuf ans chante éperdument sur les chevalets de huit instruments à cordes, l’année même où Schönberg écrivait sa Verklärte Nacht. Dans la diffraction de la tonalité, l’emplissage du lacis harmonique, Enescu va aussi loin, et comme Schönberg a les océans de cordes des septuors de Brahms à l’esprit.
Vilde Frang et ses amis magnifient la lyrique ivre de cet admirable opus dont les quatre mouvements distillent un automne de cordes où les pizzicatos viennent danser et dont le Finale assemble une compagnie de ménétriers. Impossible de ne pas entendre dans les accents de Lawrence Power, de Nicolas Altstaedt, et de tous les amis assemblés autour de Vilde Frang le déchaînement chorégraphique d’une joyeuse troupe de läutar, ces violoneux tziganes itinérants.
Leur bonheur de jouer ces musiques aussi complexes qu’addictives me bouleverse comme m’étreint la tendresse absolue que Vilde Frang met à l’Andante sostenuto du Premier Concerto de Bartók avant d’enflammer « à la tzigane » un Allegro giocoso fabuleux d’humeur et de mordant, et comment le Philharmonique et Mikko Franck dansent ou rêvent avec elle !
Disque magnifique, mais en lisant les si belles lignes que Vilde Frang consacre à l’Octuor d’Enescu, je me prends à rêver que Warner lui offre toutes les œuvres pour violon, et avec ses amis les Quatuors et le Quintette. Quelle fête ce serait !
LE DISQUE DU JOUR
Béla Bartók (1881-1845)
Concerto pour violon No. 1,
Sz. 36, BB 48a
Georges Enescu (1881-1955)
Octuor en ut majeur, Op. 7
Vilde Frang, violon
Erik Schumann,
Gabriel Le Magadure,
Rosanne Philippens, violons
Lawrence Power, Lily Francis, altos
Nicolas Altstaedt, Jan-Erik Gustafsson, violoncelles
Orchestre Philharmonique de Radio France
Mikko Franck, direction
Un album du label Warner Classics 019029566554
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Photo à la une : © DR