Il fallait bien qu’elle vienne d’Italie cette lecture dansée des Concertos brandebourgeois, et quel contraste avec la rectitude de ce soleil du grand nord qu’y avaient infusée Lars Ulrik Mortensen et ses amis dans leur toute récente gravure pour CPO où s’invitait le souvenir de Gustav Leonhardt !
Ici, tout s’envole dans une folie à deux temps, volte, virevolte, saltarelle, magnifique musique absolument baroque et donc perpétuellement en mouvement, qui se nourrit de sa propre ivresse et fait ses délices du « gemischter Stil » : les Brandebourgeois d’Alfredo Bernardini et de sa jolie bande tanguent entre France et Italie, entre Lully et Vivaldi, avec si l’on se souvient des folies du Giardino Armonico, une souplesse, des déhanchés, des fusées, des couleurs que leurs impétueux aînés raidissaient jusqu’à les faire dures comme de l’acier.
Ici, l’air passe entre les pupitres, l’allégresse se teinte une seconde d’un soupçon de mélancolie que même Diego Fasolis et ses Barocchisti ne suscitaient pas, la virtuosité folle de chacun laissant libre court à des ornementations qui sont d’abord des affetti. Les musiciens de Zefiro ravivent sans cesse les arrière-plans psychologiques du discours, mettent des sentiments dans la danse. Et quelle merveille que le 5e Concerto où Francesco Corti transforme son clavecin en fauve, magnifique cadence qui sonne comme une folie.
L’Allegro du Sixième Concerto se referme, et surprise !, résonnent les premières notes de l’Ouverture en si mineur. Elle avait manqué au disque des Suites selon Zefiro paru voici deux ans, ses danses nombreuses, la flûte noble de Marcello Gatti en font la parfaite coda d’un album solaire et enthousiaste.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Concerto No. 1 en fa majeur, BWV 1046
Concerto No. 2 en fa majeur, BWV 1047
Concerto No. 3 en sol majeur, BWV 1048
Concerto No. 4 en sol majeur, BWV 1049
Concerto No. 5 en ré majeur, BWV 1050
Concerto No. 6 en si bémol majeur, BWV 1051
Ouverture [Suite pour orchestre No. 2] en si mineur, BWV 1067
Zefiro
Alfredo Bernadini, direction
Un album de 2 CD du label Arcana A452
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Photo à la une : Le hautboïste et directeur de l’ensemble Zefiro, Alfredo Bernardini – Photo : © DR