Des études et une carrière italienne auront donné au piano d’Ali Hirèche, né pourtant parisien, quelque chose de sensiblement différent dans son jeu, si ample, si timbré, dont le pianisme à la fois ardent et introspectif m’évoque par instants celui de Dino Ciani, cela est justement flagrant dans son enregistrement des Etudes de Chopin que je découvre seulement aujourd’hui.

Le jeune homme qui aura surpris en bien et Maurizio Pollini et Aldo Ciccolini, signait ici en 2016 son album de maturité, Op. 10 sans esbroufe qui laisse chanter une main gauche évocatrice ou fulgurante, Op. 25 aux couleurs magiques, d’une infinie poésie, c’est la quadrature du cercle pour ces deux cahiers qu’il est si difficile d’unir.

D’autant que le pianiste répond à la nécessité première de cette musique : faire que la technique ne s’entende pas, que le jeu souple et subtil la transmue en émotion. Lecture lyrique, sans affectation, qui fait tout entendre du clavier versicolore qu’aura imaginé le Polonais de Paris, et comme cela chante !

Tant de poésie dans une réalisation dont la perfection s’appuie sur une attention à la polyphonie qui souligne le secret de cette syntaxe, cela finissait par ne plus s’entendre dans les versions récentes des Etudes qui sont souvent sacrifiées à un geste tout extérieur ; ici, c’est Chopin qui parle, révolutionnaire tranquille. Bravo ! Et maintenant, je vais entendre les autres albums de ce bel artiste.

LE DISQUE DU JOUR

Frédéric Chopin (1810-1849)
12 Études, Op. 10
12 Études, Op. 25

Ali Hirèche, piano

Un album du label Bion Records BR291204
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Photo à la une : © DR