Le couplage est imparable, abondamment illustré au disque – et les jeunes quatuors depuis l’album révolutionnaire des Belcea y ajoutant celui de Dutilleux – mais les Jérusalem en restent à ce diptyque Debussy/Ravel qui confrontent les œuvres-pivot de deux compositeurs abandonnant leur jeunesse pour entrer dans la maturité de leur art.
Celui de Debussy est un nocturne dont les archets soyeux des Jérusalem font feuler de peu d’étoiles le ciel peint dans l’Andantino, duquel se déploiera un Finale tout en nuances. Quel art du non-dit dans le jeu souple et plein de ce quatuor si sensible aux voix intimes que Debussy caresse, polyphonies élusives, harmonies fuyantes, que les quatre amis tirent vers la Seconde Ecole de Vienne, alors que pour le solaire Quatuor de Ravel, les archets se débrident, les cordes caracolent, une fantaisie de grand jour parsemée d’embruns agitent l’écriture brillante, cursive, opposant les deux opus avec une sensualité que seuls les Italiano avaient osée à un tel degré de perfection, pour la technique comme pour l’âme.
LE DISQUE DU JOUR
Claude Debussy (1862-1918)
Quatuor à cordes en sol mineur, Op. 10, L. 91
Maurice Ravel (1875-1937)
Quatuor à cordes en fa majeur, M. 35
Quatuor de Jérusalem
Un album du label harmonia hundi HMM902304
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Photo à la une : le compositeur Claude Debussy – Photo : © DR