Une symphonie ? Un conte. Le geste épique que Sibelius aura inscrit dans son Opus 39 n’est pas si souvent que cela perçu à ce point, comme si la Première Symphonie était issue des dilemmes incestueux de Kullervo : Bernstein par deux fois, Berglund toujours, les autres y auront entendu des univers moins rudes que ceux que libèrent Santtu-Matias Rouvali avec un orchestre rompu à l’œuvre du Finlandais depuis le magister de Järvi père.
La puissance narrative de cette interprétation âpre, roide, abrasive, se régale, et d’une phalange éclatante de noirceur, et de l’acoustique au scalpel de sa fameuse salle de concert. L’équipe d’Alpha, Jens Braun et Lars Nilson, n’auront eu qu’à se laisser emporter par la furia du jeune chef et par la splendeur de la sonorité des lieux.
Coup d’essai, coup de maître pour ce qui s’annonce une intégrale au moins des symphonies ? Oui, même si, libéré des contraintes formelles, Santtu-Matias Rouvali va plus loin encore, libre et noir de souffle, de couleurs, avec ces phrasés de roc et de sel, ces suspensions vertigineuses de silence, dans un En Saga absolument anthologique qui vous tiendra sous l’emprise de son suspens. Génial. Vite la suite, et qu’il n’oublie pas de graver Kullervo !
LE DISQUE DU JOUR
Jean Sibelius
(1865-1957)
Symphonie No. 1 en mi mineur, Op. 39
En Saga, Op. 9
Orchestre Symphonique de Göteborg
Santtu-Matias Rouvali, direction
Un album du label Alpha 440
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Photo à la une : le chef d’orchestre finlandais Santtu-Matias Rouvali – Photo : © DR