Iván Fischer prendrait-il le contrepied du vaste geste solaire que son ami Claudio Abbado déployait dans la Septième ?
L’allégement des timbres, les phrasés longs, le souci chambriste qui élance les Nachtmusik rapprochent pourtant la conception du Hongrois de celle de l’Italien. Mais la sombre fluidité qui parcourt cette gravure patiemment enregistrée en studio, sa morbidezza dans le Schattenhaft, l’éclat noir du Finale et l’absence d’effets dans le vaste premier mouvement, grand nocturne aux nuances étranges, placent résolument cette interprétation dans la lignée de celle des grands chefs historiques de Mahler : le désenchantement d’Otto Klemperer n’est jamais loin, l’amertume jusque dans la poésie rappelle Jascha Horenstein, qui comprenait si bien les ambivalences de cette partition.
Evidemment, Iván Fischer a pour lui la plus belle symphonie de timbres depuis celle que Bernard Haitink a pu faire chanter ici : les musiciens du Budapest Festival Orchestra égalent ceux du Concertgebouw, distillant l’entre chien et loup de la seconde Nachtmusik avec une poésie preste – Iván Fischer ne traîne jamais – quelque chose de fébrile qui transparaît tout au long de la symphonie.
Version à apprivoiser, anti-spectaculaire, à l’inverse de celle si réussie de Gustavo Dudamel par exemple, mais qui fait soudain de la Septième le premier laboratoire de l’ultime manière, et comme « la » prémisse du Chant de la terre. Prise de son admirable.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1756-1791)
Symphonie No. 7
Budapest Festival Orchestra
Iván Fischer, direction
Un album du label Channel Classics CCSSA38019
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Photo à la une : le chef d’orchestre Iván Fischer – Photo : © Ákos Stiller