Son intégrale des cantates aura trop relégué l’autre œuvre en Bach entrepris par Masaaki Suzuki et qui semble tendre vers une certaine complétude : après tout, il est d’abord claveciniste. Un Clavier bien tempéré épuré, des Goldberg rayonnantes, des Partitas mesurées et élégantes, auront posé autant de jalons plus sensibles au discours qu’aux agréments, mais voici qu’il enregistre le plus libre, le plus charmeur des recueils du clavecin de Bach, les Suites anglaises qui comme leur titre ne le dit pas sont ce que Bach a écrit de plus français pour le style et simplement pour la musique, bien plus français que les Suites françaises.
Fidèle à lui-même, Masaaki Suzuki épure le texte, discours admirable et d’une rectitude très Grand Siècle. Mais de danses, point. Cherchez-les, vous ne les trouverez pas, même dans les deux Bourrées de la Deuxième Suite, droites comme des i.
Mais si vous renoncez aux charmes, aux plaisirs, alors Bach rayonne, impérieux soleil d’une langue parfaite. Après tout, Leonhardt ne faisait pas autrement.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
6 Suites anglaises
Suite No. 1 en la majeur, BWV 806
Suite No. 2 en la mineur, BWV 807
Suite No. 3 en sol mineur, BWV 808
Suite No. 4 en fa majeur, BWV 809
Suite No. 5 en mi mineur, BWV 810
Suite No. 6 en ré mineur, BWV 811
Masaaki Suzuki, clavecin
Un album de 2 CD du label BIS 2281
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Photo à la une : le claveciniste et chef d’orchestre Masaaki Suzuki – Photo : © DR