Cette nuit-là un fils naissait à Mozart, il écrivit son quatuor le plus réfléchi, le plus nostalgique, avec un andante quasi schubertien, prémices impossibles d’un romantisme pourtant déjà certain. L’œuvre est délicate, son équilibre sur le fil, son écriture en transparence redoutable, elle veut un vrai quatuor à quatre voix égales, pas de doublons.
Les Engegård avaient déjà risqué un premier album Mozart pris dans les opus prussiens, je ne l’ai jamais entendu, mais pour ce second volume qui assemble trois des Quatuors dédiés à Haydn (Nos. 15, 16 et 19), ils atteignent à une sorte de perfection dans l’économie et la plénitude, la simplicité du geste et l’exactitude du sentiment, un classicisme sans froideur et une précision dans l’exécution qui me rappelle rien moins que les Juilliard à leur apogée.
Le violon ménétrier du Trio du Menuetto est délicieux de mélancolie dans son pas de danse, quel 15e Quatuor décidément ! Mais les 16e et 19e, plus ouverts, plus offerts sont tout aussi admirablement respirés et joués.
Ce Mozart venu du froid, intemporel et émouvant, est une sacrée découverte.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quatuor à cordes No. 15 en ré mineur, K. 421/417b
Quatuor à cordes No. 16 en mi bémol majeur, K. 428/421b
Quatuor à cordes No. 19 en ut majeur, K. 465
Engegård Quartet, piano
Un album du label LAWO Classics LWC1167
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Photo à la une : le quatuor à cordes Engegård – Photo : © Espen Mortensen