6 juin 1962, Erna Berger et Sebastian Peschko donnent un récital à la Radio de Hanovre. La Zerlina de mon cœur était née avec le siècle et avait encore sa voix de vingt ans, miracle d’un timbre mutin qui ne s’était jamais altérée, et qui portait les mots à fleur de lèvre.
Récital typique : elle en consacre la moitié à ces « baroqueries » qu’elle adorait et qu’elle était à peu près la seule à chanter alors, Pergolèse, Veracini, Scarlatti, Caccini, Telemann (la Cantate sur la mort d’un canari, il faut entendre comme elle y est géniale), manière de se rappeler les plaisirs de la scène qu’elle avait quittée huit ans plus tôt.
Mais enfin, dès que les choses sérieuses commencent, dès l’Abendempfindung, elle redevient ce qu’elle fut toujours, une liedersängerin inspirée : les quatre Mozart sont à tomber, même Oiseaux si tous les ans au français piquant… Pourtant, les Schubert sont encore supérieurs, la voix s’y ombrant, cherchant la grande ligne et la trouvant. Ah, l’ode au soleil se couchant !, l’élégie d’Am Grabe Anselmos, comme un regret sans secours, la complainte du Schäfers Klagelied, les fulgurances des deux Suleika : soudain sa voix si charmante s’envole et brûle !
Magicienne Erna Berger !
LE DISQUE DU JOUR
Grosse Sänger unseres Jahrhunderts :
Erna Berger
Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736)
A lui donai il mio core (Aria, Acte I, extrait de « Il Flaminio »)
Giulio Caccini (ca. 1545-1618)
Amarilli mia bella (extrait de « Le Nuove Musiche »)
Francesco Maria Veracini (1690-1768)
Meco verrai su quella (Aria, extrait de « Rosalinda »)
Alessandro Scarlatti (1660-1725)
Le violette
Georg Philipp Telemann (1681-1767)
Trauer-music eines kunsterfahrenen Canarienvogels, TVWV 20:37
Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Where’er you walk (Air, extrait de « Semele, HWV 58 »)
Johann Christian Bach (1735-1782)
Midst silent shades, W. H33
(No. 1, extrait de « A Third Collection of Favorite Songs sung at Vaux Hall by Miss Cowper »)
Christoph Willibald Gluck (1714-1787)
Einem Bach, der fliesst (Aria, extrait de « Pilgremen von Mekka »)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Ridente la calma, K. 152/210a
Abendempfindung, K. 523
Oiseaux, si tous les ans, K. 307
Der Zauberer, K. 472
Franz Schubert (1797-1828)
An die untergehende Sonne, D. 457
Am Grabe Anselmos, D. 504
Schäfers Klagelied, D. 121
Im Abendrot, D. 799
Suleika I (Was bedeutet die Bewegung), D. 720
Suleika II (Ach um deine feuchten Schwingen), D. 717
Erna Berger, soprano
Sebastian Peschko, piano
Un album du label Orfeo C556021B
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Photo à la une : la soprano Erna Berger – Photo : © DR