« Torniamo all’antico e sara un progresso ». Dans les années trente, la génération de l’Ottanta prit l’invite de Verdi à la lettre. Même Alfredo Casella pourtant si versé jusque-là dans un mahlérisme assumé par deux fabuleuses symphonies mit son orchestre au régime et sa plume à la pointe sèche.
Si Stravinsky cherchait son néo-classicisme chez Pergolèse, Casella le trouvera chez Scarlatti, créant un divertissement fastueux où le sombre (l’Intrada) le dispute à des feux d’artifice souvent dangereux : il faut entendre comment Daniele Rustioni modèle cette suite en forme de ballet qui est tout sauf un pastiche. Se serait-il souvenu du geste éloquent qu’y déployait Kirill Kondrachine à Moscou dans Scarlattiana ? C’est piquant en diable grâce à un orchestre vif, leste, qui met partout l’esprit de la danse.
Plus uniment solaire, Paganiniana accueille le concertato bavard des bois des Toscans avec un plaisir contagieux, mais ne vous y trompez pas, le chef-d’œuvre de ce disque reste le Concerto per achi, pianoforte, timpani e batteria qui ouvre le disque, baroque-Bartók où Casella le moderniste se pare d’antique pour être plus moderne encore. Daniele Rustioni tend l’œuvre à la limite de la rupture, la faisant soeur du Double Concerto de Martinů. Une observation : une plage par œuvre, c’est vraiment trop peu.
Et si maintenant Daniele Rustioni se dévouait aux cycles vocaux de Dallapiccola ?
LE DISQUE DU JOUR
Alfredo Casella
(1883-1947)
Concerto pour piano, timbales, percussion et cordes, Op. 69
Paganiniana, Op. 65
Scarlattiana, Op. 44
Alessandro Taverna, piano
Orchestra della Toscana
Daniele Rustioni, direction
Un album du label Sony Classical 19075935122
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Photo à la une : le chef d’orchestre Daniele Rustioni – Photo : © DR