Le Concerto pour violon de Dvořák choisit ses interprètes : il veut un archet ardent qui ne craint pas de danser mais surtout de « parler ». Eldbjørg Hemsing avoue dans le livret de ce qui est son second CD pour BIS son tropisme pour ce concerto, et ce depuis l’enfance, alors que son frère ne cessait de jouer un microsillon de l’œuvre au point que leur mère finit par cacher le disque.
D’évidentes affinités électives apparaissent dès l’Allegro ma non troppo, l’élan, le goût pour des phrasés très sostenuto, et cet art de cambrer les phrases comme le ferait une chanteuse d’opéra. C’est magnifique, cela tourne le dos à tant d’interprétations qui auront voulu faire entrer cette ballade slave dans les canons d’un certain romantisme germanique, ce dont la direction volontariste d’Alan Buribayev se garde bien, si lyrique, si dramatique, si affirmée, toujours dans le jeu de sa soliste.
Eldbjørg Hemsing entonne le furiant du Finale sur les pointes, installant un fabuleux giocoso plein de caractère, merveille vraiment!, aucun de ses prédécesseurs n’avait rendu le caractère dansant si piquant.
Et quel formidable couplage avec la trop rare Fantaisie de Josef Suk cravachée, sombre, orageuse, œuvre majeure du répertoire qui pousse le soliste dans ses retranchements. Elle triomphe, archet tempétueux qui survole un Orchestre Symphonique d’Anvers déchaîné avec art par Alan Buribayev.
En postule, le Liebeslied touchant, joué avec tant de goût.
Il faut vraiment que j’écoute le premier disque de cette artiste.
LE DISQUE DU JOUR
Antonín Dvořák (1841-1904)
Concerto pour violon et orchestre en la mineur, Op. 53, B. 108
Josef Suk (1732-1809)
Fantaisie en sol mineur, Op. 24
Liebeslied, Op. 7 No. 1
(arr. S. Koncz)
Eldbjørg Hemsing, piano
Antwerp Symphony Orchestra
Alan Buribayev, direction
Un album du label BIS Records 2246
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Photo à la une : la violoniste Eldbjørg Hemsing – Photo : © Nikolaj Lund