Le piano d’abord : ce Steinway D 274 que Martin Ivanov a choisi pour son album Liszt possède les timbres boisés des grands modèles historiques de l’entre-deux guerres, avec des aigus de flûtes et de hautbois qui ne claquent jamais, d’autant plus que le jeune homme est un maître des timbres.
Autour d’une Sonate en si classique, dessinée, simplement parfaite, il réunit deux cahiers d’études : son pianisme ample et naturellement lyrique enchante Waldesrauschen et emporte avec une décontraction féline un Gnomenreigen quasi historique : il y a dans cette façon de toucher le souvenir d’une époque légendaire du piano romantique, jusque dans les phrasés si singuliers qui revisitent radicalement les Etudes d’après Paganini.
Tremolo bruisse comme une forêt fantasque, Octaves poudroie au lieu de peser, La Campanella déploie des irisations saisissantes qui font oublier toute virtuosité : quel chic sans tapage, fruit d’une grande technique qui ne veut que se faire oublier.
Alors oui, après Chopin, après Schumann, Martin Ivanov proclame qu’il est vraiment ce maître du romantisme qui manquait au XXIe siècle.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Liszt (1811-1886)
2 Études de Concert, S. 145 (Waldesrauschen, Gnomenreigen)
Sonate pour piano en si mineur, S. 178
Grandes études de Paganini, S. 141
Martin Ivanov, piano
Un album du label Gramola 99192
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Photo à la une : le pianiste Martin Ivanov – Photo : © DR