Un cycle Haydn voulu par Harnoncourt avait laissé de côté l’œuvre qui semblait la mieux appariée à la fois à son génie du théâtre et à son art de la rhétorique baroque survivant dans le classicisme même. Finalement, l’ORF aura capté ce Retour de Tobie un soir d’août 2013 où le Festival de Salzbourg l’affichait.
Concert expérimental, passionnant et déconcertant. Harnoncourt saisit bien les ambigüités de l’œuvre, entre théâtre des sentiments et parabole symbolique, mais son geste aurait gagné à affronter l’intégralité d’une partition que les dimensions du concert lui auront certainement commandé de couper assez considérablement.
Son geste péremptoire, parfois mis en péril par un orchestre pas assez préparé, parvient malgré à tendre l’arc de l’œuvre. Mais ce sont surtout les épisodes tendres, les moments réflexifs, les pages les plus lyriques où son génie paraît, semblant s’étonner des beautés d’une partition où Haydn a mis beaucoup d’art à les cacher. On écoutera donc cette soirée imparfaite et émouvante d’abord pour ce qui cherche et qu’y trouve parfois Harnoncourt, mais aussi pour l’Anna d’Ann Hallenberg, reprenant un rôle qu’elle avait gravé intégralement pour Spering, car la distribution n’est pas sans faiblesse (impossible Ruben Drole), même si Mauro Peter trouve parfois le lyrisme de Tobie sans jamais en affirmer la vocalité.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Il ritorno di Tobia, Hob.XXI:1
Sen Guo, soprano (Raffaelle)
Valentina Farcas, soprano (Sara)
Ann Hallenberg, alto (Anna)
Mauro Peter, ténor (Tobia)
Ruben Drole, basse (Tobit)
Arnold Schoenberg Chor
Orchestra La Scintilla
Nikolaus Harnoncourt, direction
Un album de 2 CD du label Orfeo C952 182/1
Acheter l’album sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr
Photo à la une : le chef d’orchestre Nikolaus Harnoncourt, en 2001 – © Marco Borggreve