Universal dispose entre ses catalogues d’un harem de Schéhérazade que domine d’une tête sans voile la merveille des sessions londoniennes de Pierre Monteux : un vrai ballet. Philips aura ajouté Kondrachine, feuilletant avec le Concertgebouw un livre de contes érotiques, mais comment la gravure décorée à la feuille d’or, littéralement une enluminure de sons, que Markevitch engrangea à Londres pour Philips dans un stéréophonie spectaculaire, avec le violon érotique d’Erich Gruenberg a-t-elle pu demeurer si longtemps ignorée du CD ?
Voilà un mystère que je ne me suis jamais expliqué. Le plaisir est absolu de retrouver cette lecture où le génie orchestral de Rimski-Korsakov est transcendé par un chef lui-même compositeur qui sait faire sonner les beautés enivrantes d’une partition trop souvent plongée dans le sirop en lui rendant la vivacité du ballet. Markevitch allie au raffinement des vêtures la vie d’un théâtre saisissant : le naufrage est à couper le souffle, mais pas seulement lu.
Comme dans le microsillon original, un Capriccio espagnol fulgurant, brillant jusqu’à vous aveugler, précède cette Schéhérazade enfin retrouvée, augmentant encore le plaisir.
LE DISQUE DU JOUR
Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908)
Capriccio espagnol, Op. 34
Schéhérazade, Op. 35
Erich Gruenberg, piano
London Symphony Orchestra
Igor Markevitch, direction
Un album du label Decca 4829378 (Collection Eloquence Australia)
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Photo à la une : © Universal