D’où coule chez Mahler cette veine alerte, impertinente, qui ne sait pourtant pas renoncer aux charmes ? De Haydn, semble dire Vladimir Jurowski, qui soigne son orchestre londonien comme une formation de chambre : cette flûte qui a un ton d’argent, ce hautbois qui roucoule, ces contrebasses légères comme des plumes accordent leurs délicates palettes à des rubato impondérables, littéralement cette symphonie est aérienne comme jamais, tendre, secrète, douce, avec quelque chose de mystérieux comme cette ombre qui se voit dans certains sourires.
La perfection du jeu instrumental qui saisit dès les premières mesures ne serait pourtant rien si sur un tel décor ne soufflait un esprit aventureux, quelque chose d’infiniment libre dans le contrôle, d’allégrement aventureux dans les phrasés, les accents, les correspondances des timbres, tout un univers en apesanteur qui envole jusqu’à l’immense forte du Ruhevoll : le ciel s’ouvre sur un soleil qui semble danser dans son éclat.
Vertigineux, au point que cette 4e ne ressemblera à aucune de celles que vous connaissez, et qu’elle rejoint le vert paradis atteint seulement par Bruno Walter et Irmgard Seefried avec les Wiener Philharmoniker. Au Finale, Sofia Fomina, cette Zerbinette, ploie la phrase, dore son timbre, fruite ses aigus, délice d’abandon surveillé que Jurowski berce dans un écrin de songes légers. Merveille.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 4
Sofia Fomina, soprano
London Philharmonic Orchestra
Vladimir Jurowski, direction
Un album du label LPO Live 0113
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Photo à la une : le chef d’orchestre Vladimir Jurowski – Photo : © Vera Zhuravleva