Cela est entendu, depuis le magister de Sir John Barbirolli, l’Orchestre Hallé sait son Mahler au point d’ailleurs d’avoir transplanté en Albion les sonorités spécifiques des formations d’Europe centrale.
La palette pleine de sfumatos, aux timbres étranges, que les musiciens de Manchester offrent à leur chef chéri Sir Mark Elder, va droit au cœur de la plus lyrique des symphonies de Mahler. Rien ici n’éclatera, tout se coule dans les paysages apaisés d’une vaste ballade lyrique où les apparitions de la mort – impérieuse dans le grand crescendo qui fait basculer l’Andante comodo, ironique dans la coda déhanchée du Rondo – ne parviendront pas à déchirer l’étoffe d’un songe têtu.
Le lyrisme, tout est là, mais le lyrisme sans pathos, sans appui, comme faisait Bruno Walter à la fin de sa vie, comme si toute l’œuvre était passée de l’autre côté du miroir pour parvenir à cette coda irréelle où le silence s’ajoute au silence. Qui faisait comme cela ici déjà ? Claudio Abbado, dans ses ultimes années.
Il faut entendre ce concert si émouvant (publié en 2015), et rendre grâce devant ce qui est l’une des toute grandes versions de la 9e Symphonie, et inexplicablement l’une des plus méconnues.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler
(1860-1911)
Symphonie No. 9
Hallé Orchestra
Sir Mark Elder, direction
Un album du label Hallé Society CD HLD7541
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Photo à la une : © DR