Ewigkeit

Au moment où Daniel Harding a décidé de tutoyer les cieux, le voici qui, de son fief suédois, décide de prier Dieu. Comme Wilhelm Furtwängler avant lui, c’est donc à Stockholm qu’il aura décidé d’enregistrer son Requiem allemand, à la différence que Furtwängler fut capté en concert.

L’allégement séraphique du chœur pourra étonner, mais cette lumière, corollaire d’un orchestre lui aussi léger, rend la prière plus éloquente en l’appuyant moins. Les mots sont des estompes de sentiments, la musique n’est plus orante, mais suggestive, c’est une parole qui veut se faire comprendre, une liturgie au sens premier du terme.

Seul bémol pour une lecture si différente, la prise de son mate, comme pour ses pourtant remarquables symphonies de Mahler « in loco », n’aide pas ce qui avec plus de présence, encourageant les dynamiques, ferait flamboyer ce qui le doit.

Mais lorsque Christiane Karg vient ployer la longue phrase de « Ihr habt nun Traurigkeit » au risque d’un aigu qui n’est pas celui de Margaret Price ou d’Elisabeth Grümmer, lorsque Wotan revenu de tout, Matthias Goerne, vient prier pour le poids de ses péchés, voix d’ombre comme jamais depuis Hans Hotter, alors je sais que je tiens un vrai Requiem allemand, une rémission.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms (1833-1897)
Ein Deutsches Requiem,
Op. 45

Christiane Karg, soprano
Matthias Goerne, baryton
Chœur de Radio Suédoise
Swedish Radio Symphony Orchestra
Daniel Harding, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902635
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Photo à la une : le chef d’orchestre Daniel Harding – Photo : © DR