Dans ses années Erato, Michel Dalberto avait publié un coffret de trois microsillons contenant les premières sonates de Beethoven. Amorce d’une intégrale souhaitée ? Non. Ensuite vint Schubert et son chant profond, son temps infini, et Schubert tint longtemps Dalberto, le tient toujours à force de Sonates et de Winterreise (qu’il fait aujourd’hui avec Edwin Crossley-Mercer, qu’un éditeur les publie vite !).

Comment ne pas entendre alors qu’il revient à Beethoven et pour ce qui est le contraire d’une intégrale, un choix, une dilection, qu’en ce Beethoven justement, Schubert s’impose, son temps long, son piano méditatif comme un orchestre, ses abîmes. Ce n’est pas un contresens, et pas même une aberration chronologique, Beethoven et Schubert sont contemporains, le second quittera la scène une année après le premier, ils auront connu les mêmes instruments de pure poésie encore capables d’émouvoir par la nature même du son, ce que Michel Dalberto recrée sur le Steinway si cher à Jérôme Chabannes, qu’il joue en vrai poète dans la belle acoustique de la Salle Molière, temple du piano à Lyon.

Ah, ce Beethoven n’éclate pas, il parle, mieux, il dit, et pour cela phrase comme à l’infini, au point que les textes sonnent absolument neufs, de lettre, d’esprit, de sens. Sommet évidemment, l’Opus 111 dont le portique ne proclame pas, mais dès les premiers accords se fait une supplique. Le combat suivra, faustien à vrai dire, dans un piano d’ombres fascinant, à l’image d’un double album moiré, vertigineux à force d’idées prises dans un texte dont le pianiste sait qu’il est inépuisable, vraie lecture au sens propre du terme, celle qui ne dévie pas mais trouve dans Beethoven tout Beethoven, et même Schubert.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 8 en ut mineur, Op. 13 « Pathétique »
Sonate pour piano No. 12 en la bémol majeur, Op. 26 « Marche funèbre »
Sonate pour piano No. 14 en ut dièse mineur, Op. 27 No. 2 « Clair de lune »
Sonate pour piano No. 23 en fa mineur, Op. 57 « Appasionata »
Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111

Michel Dalberto, piano

Un album de 2 CD du label La Dolce Volta LDV 78.9
Acheter l’album sur le site du label La Dolce Volta ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Michel Dalberto – Photo : © DR