Le couplage peut étonner : Beethoven et Sibelius, mais pourtant Christian Tetzlaff n’est pas le premier à l’oser, et il a sa raison. En leurs époques respectives, les opus de Beethoven et de Sibelius marquèrent une révolution, Beethoven dégageant le violon de son rôle de donneur de sérénades, le faisant personnage dramatique et héros pour les concertos du romantisme à venir, Sibelius, lui, tordant le coup – justement – à la tradition romantique mais aussi à celle du violon virtuose et du concerto de parade réinventé par Paganini dont le modèle était les opus du baroque tardif italien, ceux de Tartini essentiellement.
Mais entre les deux opus existe pourtant un abîme de style que Christian Tetzlaff enjambe crânement. Avec son Peter Greiner si singulier, il tend les lignes classiques du Concerto de Beethoven, dédaigneux du beau son mais preste à un espressivo ravageur que je n’y avais plus entendu depuis Josef Wolfsthal.
Ce violon parle et dans le Larghetto prie. Robin Ticciati fait tout un orchestre de théâtre qui pourra surprendre, mais il sait bien que son violoniste est devenu plus qu’un acteur, un personnage.
Le Sibelius est inouï et pourtant très étrange, Tetzlaff le joue comme un barde, non, il ne le joue pas, il le dit et parfois même malgré les limites de l’instrument que le Finale, si difficile à faire sonner, met un peu à mal. Peu importe, l’Allegro ténébreux, l’Adagio sinistre, mortifère, garantissent assez d’émotions.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 61
Jean Sibelius (1865-1957)
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, Op. 47
Christian Tetzlaff, violon
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Robin Ticciati, direction
Un album du label Ondine ODE 1334-2
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Photo à la une : le violoniste Christian Tetzlaff – Photo : © Giorgia Bertazzi