La nuit chante

William Steinberg et Gustav Mahler. Un Chant de la terre récemment exhumé par le Studio St. Laurent et chroniqué ici soulignait les affinités électives qui réunissaient l’art sévère du premier au lyrisme du second.

En 1970, malgré tous les efforts de Leonard Bernstein et de Maurice Abravanel, la 7e Symphonie était encore une rareté aux Etats-Unis ; après tout Bruno Walter l’avait ignorée, et l’œuvre était quasi-inconnue à Boston, mais Steinberg chérissait cette partition difficile.

Il prit soin de la préparer amoureusement avec un orchestre dont les parfums encore si français pouvaient susciter l’émotion poétique comme les fulgurances : le son creusé du Langsam initial a les roideurs, le noir total que Klemperer y mettait, d’ailleurs Steinberg était du même monde, le Scherzo sonne spectral, halluciné, le Finale impérieux, mordant, cravaché, rappelle celui de la Titan et les Nachtmusik, si difficiles à mettre en place se cherchent un peu, plus fantaisistes, plus ivres, plus libres qu’en aucune autre version. Je ne sais pas qui joue la mandoline, mais il faut l’entendre.

Quel document, qui milite pour que la « Résurrection » de Boston paraisse aussi. Yves St. Laurent édite le concert complet du 18 décembre 1970, ouvert par une Symphonie « Linz » qui souligne combien l’art de William Steinberg savait s’incarner dans le grand répertoire classique : magnifique de présence, d’élan, simplement soufflant.

LE DISQUE DU JOUR


William Steinberg Edition
Vol. 8

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie No. 36 en ut majeur, K. 425, « Linz »
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 7

Boston Symphony Orchestra
William Steinberg, direction

Un album de 2 CD du label St. Laurent Studio YSL T-915
Acheter l’album sur le site du label www.78experience.com

Photo à la une : le chef d’orchestre William Steinberg – Photo : © DR