Je ne peux plus vraiment en douter, Arcadi Volodos a trouvé en Schubert son Graal, et il arrive même encore que sa quête soit incomplète.
Cette grande Sonate en la majeur le montre sans fard : un Allegro joué dans les mystères du clavier va aussi loin dans la musique de Schubert que ne le fit Radu Lupu, et Volodos a pour lui ce que n’avait pas le pianiste roumain, une belle prise de son. Ce piano chante, les timbres en sont infinis et prolongent dans leurs échos une réflexion lyrique de haute volée sans oublier de faire chanter les paysages.
L’Andantino, d’une élégance qui a la beauté du désespoir, est au même degré de suggestion, mais là où Lupu parvenait dans l’orage à cet exhaussement fantasque, Volodos, comme Andor Földes, assène des forte qui sont la mort même.
Las !, il se laisse envahir par la feinte simplicité des deux mouvements rapides, les jouant admirablement, avec des tendresses, des apartés, quelque chose d’infiniment détendu. C’est d’une beauté troublante, mais après le geste définitif du Scherzo, une tension manquera même dans les épisodes plus orageux du Finale : ce piano est trop beau pour être vrai.
En postlude, trois Menuets qui sont des presque-riens comme venus tout droit de Mozart, et toujours cette sonorité émouvante qui n’est qu’à lui, sacrant le musicien bien avant le virtuose.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate No. 20 en la majeur,
D. 959
Menuet en la majeur, D. 334
Menuet en mi majeur, D. 335
Menuet en ut dièse mineur,
D. 600
Trio en mi majeur, D. 610
Arcadi Volodos, piano
Un album du label Sony Classical 4626240
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Photo à la une : le pianiste Arcadi Volodos – Photo : © DR