Dire

Ian Bostridge souffre d’un tropisme Winterreise, qui songerait à le lui reprocher ? Il revient arpenter le cycle en se laissant conduire par le piano fraternel de Thomas Adès, abîme de douceur où sa voix parvenue comme au bout d’elle-même ne chante plus, mais dit avec des tendresses, des tristesses qui refusent le tragique. Cet abandon du chant pour le mot en déconcertera plus d’un, d’autant que Thomas Adès revenant de son côté au manuscrit original de Schubert présente un texte plus nu.

Ce Winterreise sans décor force l’audition par la seule poésie et Bostridge à l’encontre de tant de ténors revenant tardivement au cycle, et des plus grands – Haefliger, Patzak, Dermota même qui simplement y vint à son automne – qui y chargeaient le texte de chant quitte à pousser leurs instruments, célèbre autant Wilhelm Müller que Schubert.

Lecture donc, au plus noble sens du terme, que j’écoute fasciné par un art ayant abandonné tout artifice, lui que tant ont cru si longtemps n’être justement que cela.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert
(1797-1828)
Winterreise, D. 911

Ian Bostridge, ténor
Thomas Adès, piano

Un album du label Pentatone PTC5186764
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Photo à la une : le ténor Ian Bostridge – Photo : © Simon Fowler