Pierre Hantaï, Lucas Debargue, quelques autres disques, cet automne est assez Scarlatti, qui s’en plaindrait ? Sortant de l’album radical de Pierre Hantaï, je m’étais immergé dans les quinze sonates que Frédéric D’Oria-Nicolas faisait paraître sur son label Fondamenta. Piano versus clavecin ?
Certainement pas, car assis au clavier de son somptueux Steinway, D’Oria-Nicolas ne songe pas un instant au clavecin, et pas même à s’inventer les couleurs, les accents, les ponctuations qu’Horowitz, Zacharias et tant d’autres y auront trouvé, cherchant certainement à travers leur piano des idées de clavecin, tout un imaginaire libérateur.
Non, Frédéric D’Oria-Nicolas sait, comme jadis Marcelle Meyer, que Scarlatti est le contemporain de Bach, ce qu’il veut montrer d’abord est la tension ou l’abandon du discours, la netteté du propos, le chant comme infini qui se déroule d’une sonate à l’autre, et son parcours y excelle, alternant le très peu connu et le plus repéré, préférant les sonates lentes aux plus démonstratives.
J’entends ce piano solaire, sans une ombre, qui saisit la part la moins montrée de Scarlatti, je ne me lasse pas de cette simplicité évidente qui se déploie dans le grand son, et j’écoute ce que chez Scarlatti je n’écoute quasiment jamais, non les effets, les batteries, les abrasions harmoniques, mais les mélodies si pures.
L’album se referme sur le bijou qu’est la Sonate K. 95, et soudain dans son ut majeur qui chante, ce n’est plus Bach qui parait, mais Mozart déjà. Disque magnifique, qui ne doit pas passer inaperçu.
LE DISQUE DU JOUR
Domenico Scarlatti
(1685-1757)
Sonates K. 24, 25, 30, 32, 87, 95, 125, 126, 188, 443, 450, 466, 547, 518, 531
Frédéric D’Oria-Nicolas, piano
Un album du label Fondamenta FON 1901035
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Photo à la une : le pianiste Frédéric D’Oria-Nicolas – Photo : © DR