Avec « sa » Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Paavo Järvi avait déjà proposé une relecture drastique des Symphonies de Beethoven, il me semble qu’il va plus loin encore dans celles de Brahms.
Des rubatos intenses, des accents péremptoires, des couleurs inédites fouettent les quatre opus, relisant les Deuxième et Troisième, leur rendant leurs humeurs versatiles, leurs changements de tempo abrupts, leurs éclairages fulgurants.
Secret de lectures si percutantes, un orchestre dont tous les pupitres attaquent (à l’exemple de ceux du Gewandhaus pour Chailly). Le geste de Järvi n’est jamais très loin de celui de l’Italien), et il ose phraser.
La Première Symphonie est radicale, anguleuse, granitique, transpercée de crescendos terrifiants d’intensité, unique, Järvi y rejoint le geste démiurgique des grands anciens, Abendroth, Furtwängler, Karajan, faisant mentir sa légende de froideur et de distance.
Quant à la grande forme de la Quatrième, il en fait rayonner les couleurs avec une puissance, une urgence qui culminent dans une Passacaille d’anthologie.
Passionnant, à entendre comme à voir, le documentaire de Christian Berger vous fera entrer dans le laboratoire de cette intégrale qui marquera l’histoire de l’interprétation de ces œuvres.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 68
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 73
Symphonie No. 3 en fa majeur, Op. 90
Symphonie No. 4 en mi mineur, Op. 98
Deutsche Kammerphilharmonie Bremen
Paavo Järvi, direction
Un coffret de 3 DVD du label DVD C Major 734908
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Photo à la une : le chef d’orchestre Paavo Järvi – Photo : © DR