Herbert Blomstedt fut pendant dix ans, de 1975 à 1985, le « patron » de la Staatskapelle de Dresde. Lorsque au début des années 80, Denon posa ses micros dans la Lukaskirche pour un doublé Bruckner, un miracle se réalisa : on tint au disque la plus splendide version de la Symphonie « Romantique » depuis celle de Karl Böhm avec le Philharmonique de Vienne (et d’ailleurs sa quasi antithèse). La sombre clarté des Dresdois y chantait éperdument dans un éclairage glacial, Blomstedt étirant le temps, effleurant les pianissimos, lançant les crescendos comme autant de fusées sonores.
L’aveuglante pureté de cette Romantique aura trop masqué le grand geste tristanesque que le chef suédois imprima à une Septième plus intemporelle encore, où l’orchestre chante comme une seule grande voix et dont le climax de l’Allegro moderato suspend le temps : cet immense crescendo-decrescendo sur le feu roulant de la timbale, instant d’éternité avant la coda, est une épure de sons inoubliable pour qui l’aura entendu.
Quel bonheur de retrouver ces gravures qui annoncent le retour du catalogue Denon que MDG va progressivement republier en Europe : l’entreprise ne fait que commencer.
LE DISQUE DU JOUR
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 4 en mi bémol majeur, WAB 104 « Romantique
Symphonie No. 7 en mi majeur, WAB 107
Staatskapelle Dresden
Herbert Blomstedt, direction
Un album de 2 CD du label MDG 6502150-2
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Photo à la une : le chef d’orchestre Herbert Blomstedt, à l’époque de son mandat de directeur musical du San Francisco Symphony Orchestra – Photo : © DR