Juin 1942, Karl Böhm dirige presto sa chère Staatskapelle de Dresde, son orchestre de cœur dont il fut, adoubé par Richard Strauss, le directeur musical durant les années les plus sombres qu’ait connues l’Allemagne (Fritz Busch avait choisi l’exil), pour une lumineuse Cinquième de Schubert où Mozart lui-même semble sourire.
Trente-sept ans plus tard, le temps des adieux sera venu avec à nouveau Schubert pour tout un concert dont Deutsche Grammophon avait déjà publié la 9e solaire, pleine de fantaisie, lyrique à souhait, où cette fois, c’est Karl Böhm qui souriait, affutant avec un plaisir non dissimulé le ton très « Ländler » du Scherzo, lançant les crescendos jupitériens du Finale comme s’il avait vingt ans, trop heureux de retrouver une fois encore cet orchestre qui lui aura donné son identité sonore, si moderne, si dynamique.
Elle était précédée d’une Inachevée incroyable de poésie romantique, toute en clairs-obscurs, touchante à force de tendresses et d’éclats, où Böhm montre ce qui fait, derrière le brio et l’ardeur du génie de théâtre qu’il fut (souvenez-vous de son Fidelio, de sa Frau ohne Schatten), le secret de son art qui lui aussi vient de l’opéra : ce chant éternel, immuable, continuo d’un art venu d’un autre temps qu’il aura offert à notre jeunesse.
Album magique.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert
(1797-1828)
Symphonie No. 5 en si bémol majeur, D. 485 (enr. 12 juin 1942)
Symphonie No. 8 en si mineur, D. 759 « Inachevée »
Symphonie No. 9 en ut majeur, D. 944 « Grande »
(enr. 12 janvier 1979)
Staatskapelle Dresden
Karl Böhm, direction
Un album de 2 CD du label Profil PH19023 (Edition Staatskapelle Dresden, Vol. 45)
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Photo à la une : le chef d’orchestre Karl Böhm – Photo : © Deutsche Grammophon