Neuf opéras pour fêter les 150 ans du Wiener Staatsoper, c’est un peu court n’est-ce-pas, et aurait dû contraindre à une sélection drastique. Orfeo ne s’y est pas résolu, préférant republier quelques live phares déjà bien connus et d’y ajouter quatre nouveautés prises dans les saisons 2013-2016.
Côté archives, on n’ira pas plus loin qu’en 1955 mais pour y pécher une sombre merveille, le Wozzeck cruel de Böhm réunissant Walter Berry et Christel Goltz jadis édité chez Andante (Max Lorenz est le Tambour Major, historique simplement), le son n’en est pas changé.
Pourtant, le vrai miracle est ailleurs, dans cette Elektra définitive que Böhm enflammait, poussant à bout un trio terrible : Nilsson, Resnik et l’Aegisth de Windgassen, face au plus noble des Oreste, Eberhard Wächter, ange libérateur.
Le Fidelio de Karajan vaut surtout pour Ludwig, car son Florestan n’est pas comme indiqué Jon Vickers, mais Dimitar Uzunov, erreur déjà produite lorsque Deutsche Grammophon édita une bande mal répertoriée.
On peut oublier Les nozze di Figaro de Karajan avec le Figaro appuyé de Van Dam et La Comtesse flottante d’Anna Tomova-Sintow, le live n’apportant rien de plus que le studio, mais tout de même Chérubin selon Von Stade et Susanna selon Cotrubas…
Feu d’artifice avec Il Viaggio a Reims voulu par Abbado qui y réunira le gratin que l’on sait. Et les nouveautés ? Le Tristan est à placer au sommet, car il conserve la plus rayonnante des Isolde de Nina Stemme qui pourtant ne fut pas avare avec le rôle au disque, mais elle s’accorde ici avec la direction fluide de Franz Welser-Möst et ils font ne serait-ce qu’à eux deux un second acte anthologique.
Autre merveille de soprano, l’Ariadne de Soile Isokoski qui domine par la pure beauté vocale son Bacchus un peu rêche, Johan Botha. Si Thielemann réussit l’opéra, il traîne des pieds durant le Prologue malgré la flamme qu’y met le Komponist de Sophie Koch, admirable.
Un bal masqué sans nerf – Jesús López Cobos était alors épuisé par la maladie – laisse pourtant briller un couple aussi stylé qu’inspiré, Piotr Beczala et Krassimira Stoyanova délivrant de vrais leçons de bel canto dans l’opéra de Verdi qui s’y prête le plus. Face à eux le René/Renato d’Hvorostovsky, diamant noir fabuleux encore malgré la maladie.
Trois ans plus tôt, le baryton russe était la pierre angulaire d’une fabuleuse version d’Eugène Onéguiçne dirigé lyrique au possible par un Andris Nelsons inspiré. Face à lui, Anna Netrekbko rend sensible l’évolution de Tatiana, le Lenski de Korchak est déchirant de douceur et de résignation, tous les autres parfaits, il faudrait vraiment qu’Orfeo édite à part cette soirée d’avril 2013.
L’album regroupant quelques grandes voix maison ne remonte qu’à Maria Reining (sa Maréchale face à Jurinac pour Knappertsbusch) et ne présente qu’une perle inédite, le grand duo Aida–Amneris où Julia Varady tient tête à Marjana Lipovšek.
LE DISQUE DU JOUR
Alban Berg (1885-1935)
Wozzeck
Walter Berry, baryton (Wozzeck)
Christel Goltz, soprano (Marie)
Max Lorenz, ténor (Tambourmajor)
Murray Dickie, ténor (Andres)
Peter Klein, ténor (Hauptmann)
Karl Dönch, baryton (Doktor)
Harald Pröglhöf, baryton (Erster Handwerksbursch)
Marjan Rus, basse (Zweiter Handwerksbursch)
William Wernigk, ténor (Der Narr)
Polly Batic, contralto (Margret)
Orchester und Chor der Wiener Staatsoper
Karl Böhm, direction
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Fidelio, Op. 72
Dimitar Uzunov, ténor (Florestan)
Christa Ludwig, mezzo-soprano (Leonore)
Eberhard Wächter, baryton (Don Fernando)
Walter Berry, baryton (Don Pizarro)
Walter Kreppel, basse (Rocco)
Gundula Janowitz, soprano (Marzelline)
Waldemar Kmentt, ténor (Jaquino)
Kostas Paskalis, baryton (Erster Gefangener)
Ljubomir Pantscheff, basse (Zweiter Gefangener)
Orchester, Chor und Bühnenorchester der Wiener Staatsoper
Herbert von Karajan, direction
Richard Strauss (1864-1949)
Elektra, Op. 58, TrV 223
Birgit Nilsson, soprano (Elektra)
Leonie Rysanek, soprano (Chrysothemis)
Regina Resnik, mezzo-soprano (Klytämnestra)
Margareta Sjöstedt, soprano (Die Vertraute)
Margarita Lilowa, mezzo-soprano (Die Schleppträgerin)
Wolfgang Windgassen, ténor (Aegisth)
Eberhard Wächter, baryton (Orest)
Frederick Guthrie, basse (Der Pfleger des Orest)
Gerhard Unger, ténor (Ein Junger Diener)
Herbert Lackner, basse (Ein alter Diener)
Danica Mastilovic, soprano (Die Aufseherin)
Orchester und Chor der Wiener Staatsoper
Karl Böhm, direction
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-91)
Les Noces de Figaro, K. 492
Tom Krause, baryton (Il Conte d’Almaviva)
Anna Tomowa-Sintow, soprano (La Contessa d’Almaviva)
Ileana Cotrubas, soprano (Susanna)
José van Dam, baryton (Figaro)
Frederica von Stade, mezzo-soprano (Cherubino)
Jane Berbié, soprano (Marcellina)
Jules Bastin, basse (Don Bartolo)
Heinz Zednik, ténor (Don Basilio)
Kurt Equiluz, ténor (Don Curzio)
Zoltán Kelemen, baryton (Antonio)
Janet Perry, soprano (Barbarina)
Hermine Saidula, soprano (Una contadina)
Orchester und Chor der Wiener Staatsoper
Herbert von Karajan, direction
Gioachino Rossini (1792-1868)
Il Viaggio a Reims
Cecilia Gasdia, soprano (Corinna)
Lucia Valentini-Terrani, mezzo-soprano (Marchesa Melibea)
Lella Cuberli, soprano (Contessa di Folleville)
Montserrat Caballé, soprano (Madama Cortese)
Frank Lopardo, ténor (Cavalier Belfiore)
Chris Merritt, ténor (Conte di Libenskof)
Ferruccio Furlanetto, basse (Lord Sidney)
Ruggero Raimondi, baryton (Don Profondo)
Enzo Dara, basse (Barone di Trombonok)
Carlos Chausson, baryton (Don Alvaro)
Giorgio Surjan, basse (Don Prudenzio)
Petros Evangelides, ténor (Don Luigino)
Raquel Pierotti, mezzo-soprano (Maddalena)
Noriko Sasaki, soprano (Delia)
Gabriele Sima, mezzo-soprano (Modestina)
Claudio Otelli, baryton (Antonio)
Peter Jelosits, ténor (Zefrino)
Ramon Vargas, ténor (Gelsomino)
Orchester und Chor der Wiener Statsoper
Claudio Abbado, direction
Richard Wagner (1813-1883)
Tristan und Isolde, WWV 90
Peter Seiffert, ténor (Tristan)
Stephen Milling, basse (König Marke)
Nina Stemme, soprano (Isolde)
Jochen Schmeckenbecher, baryton (Kurwenal)
Eijiro Kai, baryton (Melot)
Janina Baechle, mezzo-soprano (Brangäne)
Carlos Osuna, ténor (Ein Hirt)
Marcus Pelz, baryton (Ein Steuermann)
Jinxu Xiahou, ténor (Ein junger Seemann)
Orchester, Chor und Bühnenorchester der Wiener Staatsoper
Franz Welser-Möst, direction
Piotr Ilitch Tchaikovski (1891-1953)
Eugène Onéguine, Op. 24, TH 5
Zoryana Kushpler, mezzo soprano (Larina)
Anna Netrebko, soprano (Tatiana)
Alisa Kolosova, mezzo-soprano (Olga)
Aura Twarowska, mezzo-soprano (Filipievna)
Dmitri Hvorostovsky, baryton (Eugène Onéguine)
Dmitry Korchak, ténor (Lenski)
Konstantin Gorny, basse (Prince Grémine)
Mihail Dogotari, baryton (Zaretski, Un capitaine)
Norbert Ernst, ténor (Triquet)
Thomas Köber, ténor (A lead singer)
Orchester und Chor der Wiener Staatsoper
Andris Nelsons, direction
Richard Strauss (1864-1949)
Ariadne auf Naxos, Op. 60, TrV 228a
Peter Matić (Der Haushofmeister)
Jochen Schmeckenbecher, baryton (Ein Musiklehrer)
Sophie Koch, mezzo-soprano (Der Komponist)
Johan Botha, ténor (Der Tenor, Bacchus)
Soile Isokoski, soprano (Primadonna, Ariadne)
Dániel Lőkös, ténor (Ein Offizier)
Norbert Ernst, ténor (Ein Tanzmeister)
Won Cheol Song, baryton (Ein Perückenmacher)
Marcus Pelz, baryton (Ein Lakai)
Daniela Fally, soprano (Zerbinetta)
Adam Plachetka, baryton (Harlekin)
Carlos Osuna, ténor (Scaramuccio)
Jongmin Park, basse (Truffaldin)
Benjamin Bruns, ténor (Brighella)
Valentina Nafornita, soprano (Najade)
Rachel Frenkel, mezzo-soprano (Dryade)
Olga Bezsmertna, soprano (Echo)
Orchester der Wiener Staatsoper
Christian Thielemann, direction
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Un ballo in maschera
Piotr Beczała, ténor (Gustaf III)
Dmitri Hvorostovsky, baryton (Renato Anckarström)
Krassimira Stoyanova, soprano (Amelia)
Nadia Krasteva, mezzo-soprano (Ulrica)
Hila Fahima, soprano (Oscar)
Alexandru Moisiuc, baryton (Horn)
Sorin Coliban, baryton (Warting)
Igor Onischchenko, baryton (Cristiano)
Thomas Ebenstein, ténor (Un juge, Un domestique)
Orchester, Chor und Bühnenorchester der Wiener Staatsoper
Jesús López Cobos, direction
Un album du label Orfeo C980120
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Photo à la une : l’opéra de Vienne – Photo : © DR